Théâtre du Palais-Royal

Historique

La Montansier, ou l’histoire d’un médaillon.

Ah ! Cette femme, quel tempérament ! Je garde en souvenir de Mademoiselle Montansier un médaillon que vous pouvez admirer au foyer : regardez-la bien et vous aurez tôt fait de vous laisser captiver, comme moi, comme toute une époque, par le sourire enjoleur de cette charmante personne ! Sous son air frivole, son regard pétillant, comment peut-on imaginer que la Montansier a traversé les régimes de cette période chahutée sans presqu’aucun dommage et surtout en femme d’affaires redoutable. Reine du théâtre, amie de Marie-Antoinette et de Bonaparte : Elle reste l’un des noms les plus importants du théâtre français alors que rien ne l’y prédisposait.

Marguerite Brunet est née à Bayonne en 1730. Orpheline très jeune, elle est placée chez les Ursulines de Bordeaux où elle reçoit une solide instruction. Son éducation terminée, elle s’installe à Paris chez une tante par alliance, Madame Montansier, marchande de mode et… lui emprunte son nom qu’elle trouve plus aristocratique que le sien. Dans la boutique, son charme opère vite, un Monsieur la remarque et l’entraine aux Iles, dont elle revient à l’âge de 24 ans, toute seule, ou plutôt, accompagnée de deux laquais et d’un fort bel équipage.

Sa vie mondaine, enfin semi-mondaine, commence. Elle reçoit beaucoup… de messieurs, dans son appartement de la rue Saint Honoré, jusqu’au jour où elle rencontre un certain de Neuville, superbe garçon, de 6 ans son cadet, sot, vaniteux, coureur, dont elle tombe éperdument amoureuse. De Neuville est comédien, la Montansier obtient pour lui le privilège du Théâtre de Rouen, puis pour elle-même celui du Théâtre de Nantes avant qu’un de ses admirateurs, lui offre la direction d’un théâtre à Versailles. C’est là qu’elle fait la connaissance de Marie-Antoinette, alors dauphine, et que nait une amitié qui fera couler beaucoup d’encre.

Forte de ses soutiens, elle se fait bâtir un autre théâtre à Versailles (aujourd’hui, Théâtre Montansier) qu’on inaugure le 18 novembre 1777 en présence de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Puis, elle devient, par privilège royal, directrice des théâtres de Versailles, Fontainebleau, Saint Cloud, Marly, Compiègne, Haute et Basse-Normandie, et « autres villes », officiellement chargée d’organiser les « spectacles, bals et fêtes à la suite de la Cour. »

Aussi quand elle me rachète, moi modeste Théâtre des Beaujolais, en juin 1789, devançant de quelques mois la Cour qui s’installe aux Tuileries pour cause de Révolution, elle jouit déjà du titre de Directrice de tous les spectacles à la suite de la Cour !

La période est troublée, mais les parisiens, entre deux barricades, courent au spectacle, comme on le chansonne dans un vaudeville :

« N’a-t-on pas vu ce peuple enfin Subsistant comme par miracle Pendant le jour mourir de faim Et le soir courir au spectacle ? »

La Montansier a déjà 60 ans, mais directrice avertie, elle sait trouver les auteurs et les interprêtes qui enchantent ce public en mal de plaisir et de légèreté. Elle propose des opéras-comiques et des comédies aux titres évocateurs, comme Le Sourd ou l’Auberge pleine de Desforges qui est jouée plus de 200 fois !

On vient applaudir au Théâtre Montansier les plus grandes vedettes du temps : Thomassin, Lacaille, Bonnet, Ferrière et surtout Baptiste Cadet qui a pour partenaire dans Le Désespoir de Jocrisse de Dorvigny, celle qui allait devenir « toute la comédie de son temps. », la fameuse Mademoiselle Mars, alors âgée de douze ans !

La Montansier La Montansier peut alors se permettre de réaliser le rêve de tout directeur de théâtre quand sa salle devient trop petite pour accueillir la foule qui s’y presse : nous fermons pour que je sois agrandi et embelli, en d’autres termes, digne du succès. En même temps, elle achète un terrain situé en face de la Bibliothèque Nationale et y fait construire un autre somptueux théâtre qui ouvre en 1793 sous le nom de Théâtre National.

L’infatigable activité et le succès de la Montansier suscitent haines et jalousies. Son salon, au-dessus du café de Chartres (aujourd’hui le Grand Véfour) est fréquenté par toutes les célébrités de l’époque. On affirme y avoir vu dans la même soirée, entre autres, Barras, le père Duchêne, le duc de Lauzun, Robespierre, Saint-Georges, Danton, le duc d’Orléans… Ce n’est plus un salon, c’est l’annexe de la Chambre des Députés ! Les ennuis commencent…

La Montansier se voit accuser de conspiration contre le Gouvernement Révolutionnaire et de recel d’armes. Elle est arrêtée le 15 novembre 1793 avec son cher de Neuville, et est emprisonnée tandis que la Reine, son amie, est guillotinée. On donne son Théâtre National à la troupe de l’Opéra et je deviens le Théâtre du Péristyle du Jardin Egalité, sur mes planches se succèdent des pièces révolutionnaires comme La Carmagnole de Chambéry de Dorvigny ou Le Compagnon révolutionnaire de Valmont !

La Montansier, libérée après dix mois de détention, grâce au long mémoire justificatif qu’elle a patiemment rédigé, je redeviens le lieu de rendez-vous de toute la jeunesse et attire de charmantes jeunes personnes dont l’activité, vieille comme le monde, a plus enrichi, je l’avoue, mes caisses que mon répertoire. Pardonnez-moi, mes amis, mais les temps étaient difficiles…

En 1798, ma chère demoiselle Montansier abandonne la direction de son théâtre et un an plus tard, âgée de 69 ans, cette femme d’affaires redoutable montre qu’elle a toujours un coeur de midinette en épousant, enfin, son cher de Neuville.

Elle fera néanmoins une courte réapparition à ma direction, quand je suis fermé par Fouché, fidèle ministre d’un Empire qui se veut vertueux et bien pensant et d’un Empereur, admirateur de la grande tragédie personnifiée par Talma. L’infatigable Montansier sort de sa retraite et obtient de Napoléon, qu’elle avait bien connu alors qu’il n’était que Bonaparte, l’autorisation de construire un nouveau théâtre, boulevard Montmartre, l’actuel Théâtre des Variétés. Mais, moi-même étant interdit de comédies, je suis successivement loué à des acrobates et autres funambules. En 1809, Les Chiens incomparables s’emparent de ma scène, les vedettes de ces grands moments de théâtre se nomment : Médor, Turc, Azor, Diane qui donnent de véritables tragédies. Ces artistes-là n’ont pas fait beaucoup d’ombre à la Comédie Française ! La Montansier tente une fois encore de me sauver et, louvoyant avec les interdictions du Ministre de la Police, produit des petites pièces jouées par deux ou trois personnes. Mais cette façon un peu sournoise de me redonner ma destination véritable de théâtre n’est pas du goût des autorités qui me font définitivement fermer en mai 1812.

Je deviens alors Le Café de la Paix, on y boit des bocks de bière devant une scène maintenant vouée aux attractions les plus diverses… Des années sombres pour un théâtre, croyez-moi !

Le Café de la Paix ferme vers 1820, tandis que la Montansier poursuit une vieillesse active, jamais à cours de ressources, elle fonde à la fin de sa vie une maison de fards et de produits de beauté, sous l’enseigne de la « Veuve Marguerite, dite Dubuisson, fabricante de rouge végétal, blanc de perle, crépons, couleur fine d’Espagne sur papier rose, en tasses et sur assiettes ». Dubuisson est le nom d’un très ancien amant, connu à Saint Domingue en 1750… Un coeur de midinette, je vous dis ! Le 13 juillet 1820, à 90 ans, cette grande figure du théâtre français qui a connu Louis XV, Louis XVI, la Révolution, l’Empire, la Restauration, les Cent-Jours, Louis XVIII, fait construire quatre théâtres, et en a dirigé vingt, disparaît oubliée de tous, sauf de ses créanciers. Je perds mon ange gardien, c’est la fermeture.

Dormeuil, ou l’histoire du second médaillon

Il faut attendre Dormeuil, dont je conserve aussi le portrait en médaillon en pendant de celui de la Montansier au foyer, pour que je ressuscite. Ce monsieur à l’air sévère, cache un acteur du Théâtre du Gymnase, abonné aux rôles de « père noble » et qui rêve d’un théâtre où il pourrait monter les comédies de son choix.

fresque     A la chûte de l’Empire, les spectacles ont retrouvé leur liberté et se sont multipliés principalement sur le boulevard du Temple, surnommé boulevard du Crime à cause des théâtres spécialisés dans le mélodrame qui le bordent ; tandis que les grandes scènes officielles telles que la Comédie Française ou l’Odéon, sont conquises par les romantiques avec les grands drames d’Alexandre Dumas, Alfred de Vigny et Victor Hugo.

En 1830, la royauté de Louis-Philippe porte la bourgeoisie au pouvoir, Dormeuil, grâce à ses relations, obtient autorisations et capitaux pour entreprendre d’importants travaux. C’est de cette époque que date l’idée de l’encorbellement au-dessus de la rue de Montpensier, ce rajout si particulier qui donne tout son charme à ma façade (Chers spectateurs, quand vous sortez d’une représentation le soir, pensez à lever les yeux sur ma façade éclairée, avec mes fers forgés et mes mosaïques… personnellement, je me trouve un petit air de Louisiane…). Cet encorbellement, bien que décoré de façon charmante, a un but pratique, celui d’élargir la salle en créant de nouveaux dégagements, je me sentais un peu à l’étroit avec l’âge.

Le 6 juin 1831, j’ouvre de nouveau et ce avec un prologue bien malicieux : Ils n’ouvriront pas !

Galerie     Malgré la création d’une nouvelle troupe dont la fameuse Virginie Déjazet, célèbre pour ses rôles travestis et dont de Mirecourt dit : « C’est l’actrice universelle, tous les rôles vont à son génie, comme tous les costumes vont à sa taille. » Dormeuil commence son règne (qui durera 30 ans !) par une suite ininterrompue… de fours : Les cinq premières années, cent cinquante vaudevilles sont joués qui n’ont pas laissé dans l’histoire du théâtre une trace impérissable, jugez-en : L’enfance de LouisII, Le Triolet bleu, Les Grisettes, Les 4 âges du Palais-Royal…

Il faut attendre 1838 et la découverte avec M. de Coylin ou l’homme infiniment poli d’un jeune auteur de 23 ans, Eugène Labiche, pour que je renoue avec le succès, adhérant une nouvelle fois avec l’esprit de mon époque. De 1838 à 1877, Eugène Labiche, « pas seulement un merveilleux amuseur, mais un observateur profond, un railleur qui sait toujours où va son rire » selon Alphone Daudet, aidé de ses collaborateurs, offrira à mon répertoire 88 comédies dont la plupart sont passées à la postérité tandis que les titres des autres laissent songeur :

La Fille bien gardée (avec Céline Montaland, comédienne prodige de 6 ans), Le Misanthrope et l’Auvergnat (qui verra les débuts de Jules Brasseur), Si jamais je te pince, Un Monsieur qui a brûlé une dame, L’Amour, fort volume, prix 3f50, On demande des culottières, La Dame aux jambes d’Azur, L’Affaire de la rue de Lourcine, Les Noces de Bouchencoeur, En avant les Chinois (une revue où apparaitra Hortense Schneider), La Station Chambaudet, Les Marquises de la Fourchette, La Cagnotte (avec Jules Brasseur), Un Mouton à l’entresol

Mais, mon cher Dormeuil est décidément un découvreur de talents :

En 1851, le compositeur Hervé devient « chef d’orchestre du Palais-Royal » (j’étais alors pourvu d’une fosse d’orchestre qui existe d’ailleurs toujours sous les premiers rangs de fauteuils d’orchestre). Le succès des Folies Dramatiques de Hervé est tel que la troupe la présente aux Tuileries devant Napoléon III.

Plus tard, c’est Hortense Schneider, l’égérie de Jacques Offenbach, qui débute dans Le Fils de la Belle au Bois Dormant. Mais c’est grâce à Lambert-Thiboust, l’auteur le plus prolifique de son temps avec 400 pièces à son répertoire, qu’elle triomphe. En effet, dans Les Mémoires de Mimi Bamboche, Lambert-Thiboust décide de laisser à certains de ses interprètes, le loisir d’improviser au gré de leur fantaisie, ce sera : « la cascade »

Ainsi, quelque soit la qualité des oeuvres, cette charmante Hortense tire son épingle du jeu grâce à son piquant et à sa pétulance. Elle fait applaudir des rimes aussi brillantes que :

« Que je save voler Chez Vachette à tire d’aile, Comme j’irais me poser ! Je m’paierais des mauviettes, Des m’ringues et des beignets Des babas, des croquettes… »

Comme un critique le remarque : « Hortense Schneider personnifie le type essentiellement actuel des demi-actrices, demi-cantatrices, qui savent traduirent l’argot en vocalises et l’action scénique en cascades. elle accentue le côté parodique de la bouffonnerie… » Elle fait rire et ne ménage pas sa peine aussitôt qu’elle est en représentation (que le public soit dans la salle ou dans un salon…) Lamartine, peu féru du genre pourtant, dira « Mademoiselle Schneider montre de bien jolis dons de comédienne et possède une voix enchanteresse. »

Mais c’est quand elle joue des opérettes écrites par Meilhac et Halévy et composées par Jacques Offenbach qu’elle donne toute la mesure de son talent. En 1863, ils sont réunis pour la première fois dans un vaudeville à couplets intitulé Le Brésilien. C’est le début d’une collaboration durable et prolifique qui symbolisera pour les générations futures l’esprit « Second Empire ».

Dormeuil découvre aussi Victorien Sardou qui débute en 1859 avec Les Gens nerveux. Quelques années plus tard, sa pièce Divorçons sera jouée sans relâche, ni alternance pendant neuf mois. Du jamais vu !

Au temps des Trois Mousquetaires

Le Palais-Royal, malgré les signes d’agitation que donnait la ville, présentait, lorsque d’Artagnan s’y rendit vers les cinq heures du soir, un spectacle des plus réjouissants.

Les princes, les princesses étaient invités, les carrosses encombraient les cours depuis midi. Après le diner, il devait y avoir jeu chez la Reine. » (Alexandre Dumas dans Vingt ans après)

Cela se passait en 1648, bien avant ma construction, cher spectateur, mais c’est tout de même au jeune Roi, auquel d’Artagnan rend visite ce jour-là, que je dois mon nom : le Palais-Cardinal, érigé par le grand Richelieu, devient Palais-Royal par la grâce d’un Louis XIV, encore enfant qui en hérite et s’y installe.

D’ailleurs, si vous avez l’occasion de profiter de ma toute nouvelle terrasse dans les jardins-mêmes du Palais-Royal, sachez que vous vous trouverez à l’emplacement où l’on organisait des chasses miniatures pour l’enfant royal. Il n’y avait donc qu’un petit bois dont on vantait le calme et la sérénité et qui bordait un somptueux palais:

« Et l’univers entier ne peut rien voir d’égal Aux superbes dehors du Palais-Cardinal. Toute une ville entière, avec pompe bâtie, Semble d’un vieux fossé par miracle sortie Et nous fait présumer, par ses superbes toits, Que tous ses habitants sont des dieux ou des rois. »

Corneille en vante ainsi les mérites dans Le Menteur. A-t-il obtenu des subventions par ses flatteries ? Je l’ignore… Mais Richelieu était suffisamment ami des arts pour être loué par les plus grands auteurs. Dès sa construction, le palais possède deux salles de spectacles qui accueillent rien de moins que Lulli et Molière !

Plus tard, Louis XIV offre à son frère, Philippe d’Orléans, ce vaste domaine dont toute l’histoire restera liée par la suite à la famille d’Orléans.

Le décor est planté et demeurera inchangé plus d’un siècle, un palais avec ses théâtres, un jardin avec ses cafés, ses promeneurs et ses demoiselles de petite vertu :

« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. (…) on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’oeil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. » (Diderot dans Le Neveu de Rameau)

Un théâtre de Marionnettes

C’est en 1780, que Philippe III d’Orléans, père du futur roi Louis-Philippe, entreprend de transformer entièrement son domaine en créant à l’intérieur du jardin trois nouvelles rues qui vont recevoir comme noms, les titres de ses trois fils : de Valois, de Beaujolais et de Montpensier.

Avec l’architecte Victor Louis, qui vient de terminer l’admirable grand théâtre de Bordeaux, il élabore les plans de ces rues bordées de maisons identiques, soutenues par des arcades. Très vite, viennent s’installer les commerces les plus hétéroclites : bijoutiers, coiffeurs, confiseurs, tailleurs, couteliers, drapiers, fleuristes, libraires, parfumeurs, modistes et aussi des marchands de « feutre appelé bis-bis pour empêcher les gerçures », de vernis élastique ou « cire coquette », de « tablettes de bouillon du sieur Berger, utiles pour l’armée et les voyageurs »… et bien entendu de nombreux cafés (Café de Foy, du Caveau, Corazza, de Beaujolais, Polonais, de Valois, des Variétés) et à l’extrémité de la Rue de Montpensier pour les « Petits comédiens de S.A.S. Monseigneur le Comte de Beaujolais » : le Théâtre du Palais-Royal, moi-même, cher public, pour vous servir.

Ma première salle, inaugurée le 23 octobre 1784, est construite sur des plans de Victor Louis. Bien qu’elle soit toute en longueur, je peux déjà accueillir huit cents spectateurs aux représentations des fameux « Petits Comédiens ». Le Sieur Delomel, mon premier directeur, est un tourneur sur bois et ses comédiens sont de grandes marionnettes à fil qu’il sculpte lui-même et fait habiller par un tailleur du voisinage.

Mais, ne vous méprenez pas, nous sommes là très loin de Guignol ! Le répertoire, fort varié, des acteurs en bois est réservé aux adultes. Ce divertissement déjà très prisé, l’est plus encore quand Delomel innove en introduisant des enfants au jeu des marionnettes, puis, devant le succès ainsi obtenu, fait disparaitre les marionnettes dans les cintres, seuls restent en scène des mimes-enfants auxquels des adultes en coulisse prêtent leurs voix.

C’est un triomphe dont Goldoni se fait l’écho dans ses Mémoires : « l’on cru d’abord et (…) l’on a parié que c’étaient les enfants eux-mêmes qui chantaient. ».

Une véritable troupe est née, elle est composée de 42 acteurs et chanteurs, 20 danseurs, 20 musiciens etc,…. qui fait de l’ombre à l’Opéra. La sanction ne tarde guère à tomber, en 1788, il est interdit « d’employer deux comédiens pour un même rôle et de chanter ou parler depuis la coulisse. »

C’est la fin des « Petits comédiens de S.A.S. Monseigneur le Comte de Beaujolais » et l’entrée en scène d’un personnage à qui je dois tout, ou presque, Mademoiselle Montansier.

Le Roi de Paris, une Reine et quelques Princes

En 1860, Dormeuil abandonne la direction à son fils et à Francis de Plunkett. Celui-ci dont la générosité n’est pas la qualité première se dispute continuellement avec Hortense (que de cris, en coulisses !). Il faut dire que Mademoiselle Schneider, alors vedette du Palais-Royal, donc de Paris, est elle-même très comptable de ses intérêts. En 1864, c’est la rupture définitive, ainsi je ne verrai pas la création de La Belle Hélène qu’Hortense fera jouer aux Variétés. Et quand Offenbach, Meilhac et Halévy donnent une nouvelle opérette sur ma scène, La Vie parisienne, elle refuse de la jouer et se fait remplacer. Elle a la rancune tenace, la divette !

Offenbach est alors le Roi de Paris, il remplit d’un public enchanté trois salles en même temps : La Vie parisenne au Palais-Royal, Orphée aux enfers aux Bouffes Parisiens et Barbe bleue aux Variétés.

Après la guerre de 70, les temps sont plus difficiles, Offenbach meurt, Labiche n’écrit plus, Dormeuil et de Plunkett démissionnent, c’est la fin d’une époque.

La nouvelle direction effectue des travaux de restauration et de décoration. Le maître d’oeuvre en est l’architecte Paul Sédille. C’est lui qui fait réaliser ces vastes peintures murales du foyer qui retracent mon histoire. Et c’est à lui que je dois ma salle scintillante de dorures et de cristal. C’est dans ce même décor rouge et or que l’on célèbre solennellement mon centenaire, le 23 octobre 1884. Ce jour-là, tous mes amis sont reçus au Véfour, dans les salons de l’ancien Café de Chartres (au-dessous de l’appartement habité pendant trente ans par la Montansier !).

Les illustres personnages qui font ensuite mon histoire n’ont plus leur place sur la belle fresque du foyer, mais au détour d’un couloir, leurs noms apparaissent sur les affiches d’époque. Profitez de l’entracte pour rêver :

Ainsi, c’est Mussay, autre directeur dénicheur de talents qui accueille un élégant jeune inconnu dont il accepte le manuscrit Monsieur Chasse. C’est le début de ma complicité avec Georges Feydeau.

G. Feydeau     Un auteur exceptionnel dont Marcel Achard disait : « Feydeau était un grand comique. Le plus grand après Molière… Les pièces de Feydeau ont la progression, la force et la violence des tragédies. Elles en ont l’inéluctable fatalité. Devant les tragédies, on étouffe d’horreur. Devant Feydeau on étouffe de rire. »

Six pièces de Georges Feydeau seront créées et maintes fois reprises sur mes planches : Après Monsieur Chasse, Le Système Ribatier, Un Fil à la patte (que nous reprendrons en 1989 pour 388 représentations dans une mise en scène de Pierre Mondy), Le Dindon (repris en 1984 pour une série de 387 représentations), Séance de Nuit, et la dernière pièce de Feydeau, Hortense a dit : Je m’en fous ! sera jouée peu d’années avant sa mort.

En cette fin du XIXème siècle, nous donnons essentiellement Feydeau, mais aussi Hennequin et Valabrègue, qui signent seuls ou en collaboration de très nombreuses pièces : Une Enquête, Les Joies du foyer, Les trois Chapeaux, Le Paradis, La Terre-Neuve, Les Ricochets de l’amour, Place aux femmes, et Coralie et Cie.

Un homme d’affaires

Mais il faut attendre l’entrée en scène d’un personnage qui va dominer le théâtre parisien grâce à son sens des affaires jusqu’à la deuxième guerre mondiale, Gustave Quinson, pour que je commence, je l’avoue avec peu de modestie, la série des longs succès qui seront si fréquents dans mon histoire. Sous son règne qui dure trente ans, Gustave Quinson présente moins de pièces que Dormeuil en deux années. Il devient bientôt un véritable empereur du théâtre parisien, puisqu’à la direction du Palais-Royal il adjoint celle du Gymnase, du Vaudeville, des Bouffes-Parisiens entre autres.

Il s’essaie aussi à l’écriture et s’entoure pour cela d’excellents collaborateurs, tel qu’Yves Mirande, Tristan Bernard, Pierre Veber, Albert Willemetz qui laisseront un souvenir aux générations futures alors que celui de Quinson est oublié.

En revanche, il connait son métier de directeur de théâtre puisqu’il accueille, Mistinguett, fait jouer Tristan Bernard (Le petit Café pendant 410 représentations et Les deux Canards), il crée La Présidente de Hennequin et pendant la guerre de 14 fait monter sur scène Yvonne Printemps et Raimu, entre autres. L’entre deux guerres est marqué chaque année d’un grand succès dont on retiendra successivement Et moi j’te dis qu’elle te fait d’l’oeil de Hennequin avec Jules Berry, Le Chasseur de chez Maxim’s d’Yves Mirande et Gustave Quinson, Le Monsieur de cinq heures avec Denise Grey et Albert Brasseur pour 568 représentations, Embrassez-moi de Tristan Bernard avec Michel Simon.

Un auteur comique et madame

Avec la deuxième guerre mondiale et son cortège de privations, débute l’ère de Jean de Létraz, auteur comique, qui à ma direction pendant douze ans nous proposera douze pièces de son cru.

Le public attend de la gaieté, de la distraction et de la bonne humeur, Jean de Létraz lui donne entre autres : Descendez, on vous demande, Moumou, Les Surprises d’une nuit de noce, La Mariée en a deux, Occupe-toi de mon minimum, ou La Pucelle d’Auteuil. Tout un programme ! Toute une époque !

Après la disparition de Jean de Létraz, en 1954, son épouse, Simone de Létraz reprend la direction et continue pendant quelques années à faire jouer avec un certain succès des oeuvres posthumes de son mari, avant de faire appel à la Compagnie Jacques Fabbri puis à la Compagnie Renaud-Barrault. Cette dernière reprend, ce que Jean-Louis Barrault appellera un « Rock & Roll Napoléon III » : La Vie parisienne, quatre-vingt-douze ans après sa création. C’est un succès complet, dû à une parfaite distribution : Suzy Delair et Micheline Dax, Simone Valère, Pierre Bertin, Jean Desailly, Jean Parédes, et, bien entendu, Madeleine Renaud en délicieuse suédoise et Jean-Louis Barrault en truculent brésilien. On retiendra cependant de cette sympathique période que la même Compagnie présente, en alternance, Le Soulier de satin de Paul Claudel… Pour un théâtre de mon âge, c’était un cocktail un peu violent, mais un grand plaisir…

Sachant décidément s’entourer de professionnels, en 1960 Madame de Létraz offre à Jean Meyer, qui vient de quitter la Comédie Française, la direction artistique. D’excellentes reprises sont mises à l’affiche comme Noix de Coco de Marcel Achard avec Madeleine Robinson et Jean Richard ou des créations comme Un Dimanche à New-York qui sera joué par Jean-Claude Brialy et Marie-José Nat 550 fois.

Un jeune directeur

En 1965, Simone de Létraz abandonne la direction à Jean-Michel Rouzière qui, à 34 ans, a déjà derrière lui vingt ans de carrière à différents postes du théâtre.

Il inaugure sa direction en rendant hommage à sa célèbre voisine, la grande Colette, avec Gigi dont Renée Saint Cyr sera la vedette, avant de créer Assassins associés de Robert Thomas, mis en scène par Jean Piat avec Denise Grey. Puis, grâce à une éblouissante Zizi Jeanmaire dans le rôle de la « Môme Crevette », ce sera la réussite d’une belle reprise de La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau.

D’une affiche à l’autre, vous pouvez maintenant découvrir une programmation où les plus grands noms du théâtre actuel apparaissent, ainsi :

Marcel Achard en 1967 accepte qu’on reprenne sa charmante comédie Jean de la Lune avec Dany Robin, Pierre Mondy et Jean Le Poulain. En 1968, Pierre Dux met en scène Désiré avec Marie Daems et Robert Lamoureux, et Le Renard et la Grenouille avec Monique Tarbès et Jacques Sereys, ce spectacle Sacha Guitry, joué pendant six mois, précède la création de La Facture de Françoise Dorin avec Jacqueline Maillan.

Puis, Jean Marais reprend le rôle du Maître dans L’Amour masqué de Sacha Guitry. En 1970, Françoise Dorin revient avec qu’Edwige Feuillère et Michel Serrault jouent 250 fois. Avant que Jean Poiret remanie, pour Jean-Claude Brialy et Caroline Cellier, la comédie de Jan de Hartog, Le Ciel de lit, adaptée par Colette. En 1972, Louis de Funès choisit Oscar de Claude Magnier pour faire un brillant retour au théâtre après ses énormes succès au cinéma. Avec Il était une fois l’Opérette, Jean Poiret imagine un pittoresque personnage de concierge-ouvreuse-choriste pour brosser une fresque complète de cet univers d’Offenbach à Lecoq, de Vienne à Broadway.

Et puis, le 5 février 1973, c’est la première de La Cage aux Folles de Jean Poiret, mise en scène par Pierre Mondy, avec Michel Serrault, comparé tour à tour à Mae West et Cécile Sorel, et Jean Poiret, l’heureux auteur-interprète. Le temps s’arrête rue de Montpensier, pendant six ans, nous jouons à « guichets fermés », ce sera le plus gros succès du théâtre français. En 1978, il a fallu ouvrir La Cage aux folles et c’est Michèle Morgan qui entre en scène dans une comédie écrite pour elle et pour Pierre Mondy par Françoise Dorin : Le tout pour le tout. Avant le retour de Jean Poiret, entouré de Maria Pacôme, Nicole Calfan et Odette Laure dans Joyeuses Pâques. En 1983, Jean-Claude Carrière adapte une pièce de Bernard Slade que Pierre Mondy met en scène c’est La Fille sur la banquette arrière avec Anny Duperey et Jean-Pierre Cassel.

Pour célébrer mon bicentenaire (eh oui ! déjà !) on choisit un chef d’oeuvre de mon plus célèbre pensionnaire, Feydeau avec Le Dindon. Puis ce sera Voisin-Voisine adapté et joué par Victor Lanoux en compagnie de Marie-José Nat, N’écoutez pas Mesdames, avec dans le rôle créé par Guitry, Pierre Mondy qui enchaîne en mettant en scène L’Amuse-gueule de Gérard Lauzier avec Daniel Auteuil et Yolande Folliot.

Voilà, parmi les quelques noms prestigieux que Jean-Michel Rouzière a eu le bonheur d’accueillir sur mon plateau. Maintenant, même si vous avez la chance de vous installer dans un fauteuil d’orchestre, je vous propose de gravir quelques étages jusqu’aux pourtours du balcon et de la galerie, ces places des « enfants du Paradis », afin d’y découvrir d’autres trésors : les affiches des « Rencontres du Palais-Royal ».

Peut-être avez-vous fait partie des heureux privilégiés qui ont assisté à ces spectacles éphémères où se mêlaient au fil d’un thème de conférence, la comédie, la musique, la danse, le chant, la poésie, l’humour et l’émotion sur des thèmes variés, imaginés par Béatrix Dussane. Quelques titres, quelques noms prestigieux, au hasard de ces 22 années de « Rencontres »:

Serge Lifar dans L’Ame de la Danse
Elizabeth Schwarzkopf propose Je chante les couleurs
Régine Crespin dans Divette et Diva
Victor Hugo, le Génie et l’Exil par Lise Delamare et Paul-Emile Deiber avec Marie Marquet
Si Sacha nous était conté par Alain Decaux et Jean Piat
Bernard Gavoty et Georges Van Parys présentent Au beau temps de l’Opérette avec Mathé Altéry, Mady Mesplé et Philippe Clay
Edwige Feuillère dans Moi, la Clairon
Eve Ruggieri propose Concerto pour quatre coeurs
André Roussin, Pierre Dux et Jean-Jacques Gautier présentent Le Théâtre est notre métier
Maurice Schumann : De Gaulle, l’homme des tempêtes
Du Palais vers Port Royal avec Mireille et Maurice Genevoix

Le retour des Trois Mousquetaires

Puisque je vous ai entraînés jusqu’à mon dernier étage, nous pouvons, maintenant, pousser discrètement la porte de l’actuelle direction et découvrir ainsi ceux qui veillent sur ma destinée aujourd’hui.

C’est en 1989 que Jean-Michel Rouzière disparaît pendant les représentations, au titre prémonitoire de Et le spectacle continue, d’un clown génial : Raymond Devos. En décembre 1989, Francis Lemonnier reprend la direction avec ses deux associés Francis Nani et Christian Azzopardi.

Ces Trois Mousquetaires du théâtre devaient évidemment revenir sur les traces de d’Artagnan. Aussi liés que les héros de Dumas, ces trois amis qui se sont connus à vingt ans, à l’époque du Conservatoire, ont forgé leurs armes sur les scènes parisiennes dans des succès tels que Les Portes claquent ou L’Année du Bac, puis ils feront ensemble l’apprentissage des autres métiers du théâtre en ouvrant une petite salle sans prétention « Le Coupe-Chou Beaubourg » qui acquiert une notoriété certaine grâce au talent des artistes qu’ils accueillent pendant de nombreuses années : Catherine Allégret, Francis Perrin, Nicolas Bataille, Colette Castel, Andreas Voustinas, Gaby Sylvia, Isabelle de Botton… Tennessee Williams y viendra même applaudir la création de sa pièce Je n’imagine pas ma vie demain.

Chez moi, Francis Nani, Francis Lemonnier et Christian Azzopardi font d’abord appel à des habitués de la maison avec Jean Poiret et Pierre Mondy qui adaptent la magnifique pièce de Neil Simon Rumeurs. Puis, toujours à l’affût de nouveaux talents, ils proposent à Valérie Lemercier de se mesurer à une salle à l’italienne et à un nouveau public : j’aurai la joie de la voir exploser sur scène et faire depuis la carrière qu’on connaît. Début 1992, Jean Poiret signe sa dernière adaptation pour le théâtre, c’est <b où Pierre Mondy, toujours fidèle, met en scène Nicole Calfan et Roland Giraud.

Pendant ce temps, un projet leur tient particulièrement à coeur, accueillir un ami de toujours entre mes murs : Robert Hirsch, qui accepte avec joie de servir Sacha Guitry et déverse sur le public son ineffable humour dans Une Folie, un moment rare ! Les représentations étant brutalement interrompues, ils offrent à Guilhem Pellegrin et Babette Masson la saison d’été pour une adaptation époustouflante d’inventions de l’oeuvre d’Alfred Jarry : c’est un Ubu pour fruits et légumes qui ne laisse personne insensible. Pour la rentrée 1993, ils ont la joie d’accueillir une de leurs plus fidèles amies en la personne de Marthe Villalonga qui, avec sa verve et son pétillant habituels est l’héroïne de Silence en coulisses ! adapté de Michael Frayn.

Au cours de leurs recherches de nouveautés, ils s’arrêtent un soir devant un spectacle d’un genre nouveau. Ils rient aux éclats devant les facéties de quatre garçons surdoués, bourrés de talent, à la fois musiciens, chanteurs, danseurs, acteurs, mimes, acrobates, clowns… Ils viennent de découvrir Le Quatuor, ce sera le début d’une longue amitié et d’une grande complicité. Le Quatuor dirigé de main de maître par Alain Sachs vient présenter son spectacle fin 94 et fait salle comble avant de partir en tournée et préparer un nouveau spectacle spécialement pour ma salle, c’est Il pleut des cordes, 100.000 spectateurs entre septembre 96 et janvier 98, Molière du Meilleur Spectacle Musical.

Entre deux prestations du Quatuor, d’autres Molières sont venus couronner un succès populaire avec Les Affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau, mis en scène par Régis Santon avec le truculent et majestueux Pierre Meyrand : Pas moins de 7 nominations et 3 Molières : Meilleur Comédien, Meilleur Spectacle et Meilleur Décor ! Suivi, en 1996, d’un autre grand classique avec La Visite de la vieille Dame, la magnifique pièce de Friedrich Dürrenmatt, avec une Line Renaud éblouissante dans un rôle terrifiant de femme qui se venge froidement de tout un village, 30 ans après l’offense qui lui a été faite.

Ces spectacles qui ont marqué les dernières saisons parisiennes sont ponctués par des spectacles d’été qui, chaque année, remportent un beau succès, tels que Vacances de rêve de Francis Joffo, Drôles d’oiseaux avec Popeck et Danièle Evenou ou la reprise de Le Mal de Mère avec la merveilleuse Tsilla Chelton.

En septembre 1998, Francis Lemonnier disparaît deux jours avant la création de Face à Face. Il n’aura pas la joie et la fierté d’assister à la première du plus gros succès comique de l’année : la comédie de Francis Joffo avec Michel Roux et Popeck est jouée plus de 300 fois ici-même avant de partir pour une tournée triomphale de plusieurs mois.

La saison 1999-2000 m’a donné le plaisir de renouer avec une de nos grands auteurs classiques, puisque c’est avec Un Sujet de roman de Sacha Guitry que Michel Aumont qui donnait la réplique à Geneviève Casile, a obtenu le Molière 2000 du Meilleur Comédien. Cette pièce acide à l’humour dévastateur part aussi sur les routes pendant que j’accueillerai pour la fin du millénaire un autre grand humoriste en la personne d’Alex Métayer !

Cher Ami (si vous avez suivi jusqu’ici mes aventures, je peux vous considérer comme mon ami, n’est-ce pas ?) je dois vous avouer que j’ai apprécié, à l’aube de l’an 2001, à l’orée du troisième millénaire, quand Francis Nani et Christian Azzopardi ont choisi de ponctuer cet événement par une œuvre d’une de nos auteurs les plus modernes : Georges Feydeau ! Rien ne pouvait me faire plus plaisir que le retour de mon grand complice avec la première pièce qu’il créa sur mes planches, vous souvenez-vous ? Monsieur chasse ! Cette fois, le duo étonnant et détonnant Chevallier-Laspalès l’ont servi 267 fois. Quoi de neuf ? Feydeau, vous dis-je, Feydeau !

Cette période m’a aussi permis de renouer avec une autre tradition, celle des représentations exceptionnelles données par des artistes de renom pour le seul plaisir de chacun : Ludmila Mikael et Didier Sandre ont inauguré cette série, en présentant un choix de lettres établie par Didier Sandre dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, ponctué de Sonates de Domenico Scarlatti. Des soirées merveilleuses qui ouvriront la voie à de nombreuses autres dans le cadre des Lundis du Palais-Royal puis des Cartes Blanches.

En 2002, malgré mon grand âge, je me suis amusé avec Yves Lecoq qui vous a proposé de venir Tous au Palais ! Ses imitations, son charme et son enthousiasme m’ont rajeuni. Puis, j’ai été très touché que Sylvie Joly vienne donner une série (trop) limitée de son Best of. A la rentrée, j’ai eu le plaisir de recevoir deux proches amis de mes chers directeurs : Line Renaud et Jean-Claude Brialy. Et c’est dans la sublime pièce de Noël Coward Poste restante qu’Annie Sinigalia remporte le Molière du Meilleur Second Rôle. Au cours de la même cérémonie, un Molière vient aussi couronner Christian Gasc pour la création des somptueux costumes de L’Eventail de Lady WindermereCaroline Cellier et Mélanie Doutey, entourées d’une nombreuse troupe, ont évolué dans l’atmosphère magnifiquement reconstituée du Londres du brillant Oscar Wilde, subtil dandy, prince de l’humour d’outre manche.

La saison 2003-2004, elle aussi marquée du sceau britannique, s’est déroulée dans l’ambiance mystérieuse et pleine d’humour de la reine du suspense, Agatha Christie, avec sa pièce culte Devinez qui ? titre original Dix petits nègres, adaptée avec talent par Sébastien Azzopardi, nommé aux Molières, savamment orchestrée par Bernard Murat et si brillamment interprétée par une troupe d’excellents comédiens, une pièce chorale qui continue de faire frémir petits et grands en tournée.

Enfin, la saison 2004-2005 a vu la création de Quand l’Amour s’emmêle d’Anne-Marie Etienne avec Véronique Genest et Jean-Michel Dupuis.

Après onze mois d’attente, j’ai pu dévoiler, pour la première du Mariage de Barillon de mon auteur fétiche Georges Feydeau, ma façade entièrement restaurée, mettant en valeur mes magnifiques mosaïques et mes élégantes passerelles.

Dès décembre 2005, Laurent Baffie a investi le théâtre avec sa pièce à succès « Toc toc » qui en est à sa 2ème Saison avec plus de 400 représentations et pour laquelle la comédienne Marilou Berry a remporté le Molière de la Révélation Féminine 2006.

Après une échappée Outre-Atlantique, avec la magnifique pièce de Woody Allen PUZZLE, admirablement adaptée par Sébastien Azzopardi, ce qui lui a valu une nomination aux Molières 2007, et dont il fut l’un des interprètes avec les merveilleux comédiens que sont Michel Aumont, Geneviève Fontanel, Gérard Lartigau, Anne Loiret, Julie de Bona et Marie Le Cam, après cette escapade, donc, nous avons de nouveau accueilli la troupe de TOC TOC dont la course effrénée s’est terminée le 30 juin 2008 après 700 représentations tant au Palais-Royal qu’en tournée triomphale dans toute la France, un succès rarement égalé ces quinze dernières années.

Et pour employer ses propres termes, Laurent Baffie « remet le couvert » au Palais-Royal avec sa troisième pièce Un Point c’est tout ! de septembre 2008 à avril 2009, suivie pour la saison d’été par Presse Pipole, comédie d’Olivier Lejeune dans laquelle nous avons eu le plaisir d’accueillir la toujours sympathique Danièle Gilbert.

Septembre 2009 : Michèle Laroque créera le rôle d’Angela Dupuy-Levy dans son adaptation de Mon brillantissime Divorce, de Geraldine Aron.

En janvier 2010, un spectacle Feydeau s’installe à nouveau au Théâtre du Palais-Royal avec deux pièces en un acte On purge Bébé et Léonie est en avance. Suivi, juste avant l’été par un autre habitué du Palais-Royal, Laurent Baffie dans son One Man Show.

La rentrée de septembre 2010 a vu s’installer un des succès théâtraux de la saison Le Technicien, d’Eric Assous, dans une mise en scène de Jean-Luc Moreau, avec en tête d’affiche le couple à la scène comme à la ville Maaike Jansen et Roland Giraud. 279 représentations à Paris avant une grande tournée en province.

Francis Nani et Christian Azzopardi, fidèles à 50 ans d’amitié, fidèles au théâtre, restent aussi fidèles à la citation de Rabelais que vous pouvez lire au-dessus de la scène avant que le rideau se lève :


Mieulx est de ris que de larmes escrire
Pour ce que le rire est le propre de l’homme
Vivez joyeux


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